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Parler du marché du travail de l’avenir avec vos jeunes

Intervenir auprès de la jeunesse pour la préparer à un futur incertain est un défi de taille. Pour tenter d’adapter nos actions dans le présent en fonction du futur, il est pertinent que les intervenants sur le terrain puissent collaborer avec des personnes qui ont le regard tourné vers l’avenir.

Dans le cadre du rapport sur la génération Z et sa vision du milieu du travail, publié par Academos en octobre dernier, nous avons décidé de briser les silos en proposant une activité réflexive aux professionnels en développement de carrière des carrefours jeunesse emploi à l’édition annuelle du congrès du RCJEQ. L’objectif était de réfléchir collectivement pour faire avancer nos pratiques!

Nous leur avons donc proposé de réfléchir, pour chacun des acteurs du marché du travail (jeunes, employeurs, intervenants), à des enjeux actuels et futurs. De cette réflexion, six questions ont été ressorties et transmises à deux entrepreneures qui remettent en question le statu quo quotidiennement en travaillant en lien avec les jeunes et le marché du travail.

Nos expertes

Marie Amiot

Marie est présidente-directrice générale et cofondatrice de l’école de créativité la Factry. Elle est une bâtisseuse qui adore naviguer à la frontière de la créativité et du monde des affaires. Dotée d’une formation en droit et d’un MBA en marketing, elle cumule près de 20 ans d’expérience en développement des affaires et en communication marketing. Elle est reconnue pour ses excellentes capacités de direction d’équipes multidisciplinaires, dans des contextes d’entreprises en réorganisation, en croissance et en démarrage. Son parcours lui a permis d’œuvrer au sein d’entreprises de secteurs hautement créatifs et innovants.

Catherine Légaré

Celle derrière l’application Academos, qui, à ce jour, a permis à plus de 100 000 jeunes en quête d’une carrière d’être connectés à des cybermentors passionnés par leur profession, souhaite démocratiser le mentorat. Détentrice d’un doctorat en psychologie, elle est aussi cofondatrice d’Élo, une plateforme numérique intuitive facilitant le mentorat et le réseautage pour les professionnels. Catherine Légaré intervient régulièrement dans les médias au sujet du mentorat, du marché du travail de même que sur les besoins et les aspirations des nouvelles générations.

Questions en lien avec la réalité des jeunes

Comment peut-on appuyer nos jeunes à se préparer au futur?

Marie Amiot : Les jeunes apprennent différemment, abordent leur carrière différemment et feront des emplois qui n’existent pas. Il faut donc absolument développer des compétences nouvelles afin de leur permettre d’aborder un marché du travail en pleine transformation. La plupart des études s’entendent pour dire qu’il faut miser sur les compétences transversales suivantes: créativité, pensée critique, résolution de problème, communication, collaboration. Ces compétences se développent par la pratique et l’action. Je crois sincèrement que le monde de l’enseignement et le monde du travail doivent collaborer en ce sens. La récente étude « Humains recherchés » de la Fondation RBC propose des conclusions auxquelles j’adhère. En voici quelques-unes :

  • recruter en fonction des « aptitudes » et non seulement du titre
  • mettre une emphase majeure, collective, sur le développement des compétences clés
  • ajouter plus de concret à l’apprentissage (apprentissage intégré au travail et stages intégrés à la formation)

Factry vient de lancer le programme Pause, qui est tout à fait taillé sur ces besoins. Nous avons lancé une première cohorte il y a quelques semaines seulement. Nous avons reçu 60 candidatures en quelques jours; nous avons 20 places. Cela témoigne de la pertinence et de l’attrait pour les jeunes.

Que va-t-il arriver aux jeunes qui n’ont pas nécessairement les compétences recherchées pour le travail du futur et qui n’ont pas la capacité de les développer? Quels emplois seront faits pour eux? Bref, quelle sera, selon vous, l’évolution des emplois non spécialisés?

Catherine Légaré : Ça, c’est vraiment une question à 100 $. Je ne suis pas futurologue et pour m’informer beaucoup sur la question, je crois que peu de gens sont capables de répondre à cette question.

Je lis la question, et je me demande aussi de qui parle-t-on exactement et de quelles compétences parle-t-on? Il serait étonnant que beaucoup de personnes n’arrivent à développer aucune des compétences qu’on recherchera dans le monde du travail. Pour chaque personne qui pourra développer des compétences d’analyse ou technologiques, il y en aura d’autres qui développeront leur créativité ou leurs habiletés communicationnelles.

Je crois que :

  • Il faut à tout prix changer l’école pour que les compétences du futur y soient travaillées et expérimentées dès le plus jeune âge.
  • Travailler tôt avec les enfants sur leurs possibles professionnels afin qu’ils ne se mettent pas dans des petites boites.
  • En lien avec le dernier point, il faut développer une vision plus transversale des compétences. Par exemple, l’autre jour, je parlais à une personne en RH dans une firme d’architectes et elle me disait qu’ils embauchent des gens avec toutes sortes de background pas juste des personnes formées en design ou en architecture. Ils embauchent aussi des psychologues, historiens, techniciens en loisirs… et même récemment un cuisinier, car ces gens-là ont vraiment des forces pour faire de la gestion de projet et travailler sous pression. Je crois que les intervenants en employabilité ont un rôle important à jouer ici.

Questions en lien avec la réalité des employeurs

Avec des besoins de plus en plus spécifiques au niveau des emplois et un manque de main-d’œuvre qualifiée, les entreprises vont devoir former eux-mêmes leurs employés. Comment un organisme externe pourra-t-il collaborer avec des entreprises innovantes pour les accompagner au niveau de la formation?

M.A. : Encore une fois je crois fortement à l’importance de développer les compétences transversales qui permettent aux employés d’avoir une plus grande mobilité à l’emploi. Le travail collaboratif est clé également. Une jeune employée m’a dit un jour « Arrêtez de vouloir nous garder 10 ans dans un emploi. Organisez vos entreprises en sachant que nous allons changer d’emploi chaque deux ans ». Depuis ce temps je m’assure que chaque fonction clé de l’entreprise soit maîtrisée par plus d’une personne. Rien ne dépend que d’une seule tête; tout le monde est au courant de ce qui se fait dans les autres groupes et chaque tâche peut être accomplie par plus d’une personne de façon efficace.

Comment les PME vont-elles faire pour rester compétitives face à des plus grosses entreprises qui ont plus facilement accès aux nouvelles technologies, leur donnant un avantage sur le marché?

M.A. : Toute entreprise a le défi de rester compétitive, peu importe sa taille. Les petites entreprises ont même parfois un grand avantage au niveau de leur agilité. En tant que gestionnaire de PME je tente personnellement de garder toujours en tête le caractère distinctif de ce que nous faisons. Il faut résister à la tentation de suivre aveuglément le mouvement de masse. Au contraire, être niché et demeurer pertinent est un beau gage de succès et de pérennité. Au niveau de l’accès aux nouvelles technologies, comme les moyens sont limités il faut chercher des technologies accessibles. Il y a de plus en plus de possibilités en mode cloudopen source ou location. C’est parfois bien mieux que d’avoir le réflexe de vouloir toujours être propriétaire et développer des solutions custom.

En lien avec le travail des intervenants en employabilité

Comment peut-on susciter l’intérêt de la génération Z à utiliser les outils numériques qu’on leur propose en employabilité (ex. : application interne, LinkedIn, Academos, etc.)?

C.L. : Les jeunes utilisent surtout leur téléphone. Je commencerais avec des outils numériques qu’ils peuvent utiliser facilement à partir de cet appareil, comme LinkedIn, Shapr, Academos, Facebook, etc.

On pense souvent que les jeunes sont très compétents avec les technologies. Or, plusieurs enquêtes ont montré que si le numérique est très présent dans leur vie, les ne sont pas nécessairement très compétents pour en faire des usages précis. Il y a une différence entre poster des photos sur Instagram ou écouter Netflix et se bâtir un réseau sur LinkedIn. Il ne faut pas négliger l’apprentissage que les jeunes ont à faire pour bien utiliser des outils destinés à la carrière.

Les jeunes sont beaucoup influencés par leurs pairs. Il ne faut pas hésiter à montrer des témoignages de jeunes de leur âge qui font un usage profitable des technologies. Comment utilisent-ils tel ou tel outil? Dans quel but? Quels résultats ont-ils obtenus?

Il faut vous-même bien connaître les outils que vous proposez, et les utiliser avec succès. En lien avec le point précédent, pour avoir de la crédibilité et un pouvoir de persuasion vous devez montrer que vous êtes actif et utilisateur régulier, que vous comprenez les rouages des outils présentés.

Avez-vous des ressources spécifiques que vous utilisez pour vous tenir au courant des tendances sur le marché du travail du futur? Des recommandations de formations à bas coût dans ce domaine?

C.L. : Honnêtement, je trouve que quand c’est rendu des formations, on est déjà rendu dans des pratiques déjà établies. Je me tourne plus vers le Web pour me tenir au courant des tendances et voir plus loin; en plus c’est gratuit! Je trouve que Forbes, Fast company et Harvard Business Review publient des trucs vraiment intéressants. Le mieux est de s’abonner à leurs pages sur Facebook ou LinkedIn pour voir leurs contenus passer. HBR a aussi un podcast super intéressant qui s’appelle HBRIdeacast.

Pour terminer

Le marché du travail du futur comportera son lot de défis. Pour réussir cette transition, il faudra que les différents acteurs du marché du travail collaborent plus que jamais. Finalement, l’apprentissage et le développement de nouvelles compétences semblent être les principaux défis que le marché du travail du futur nous réserve!

Merci à nos deux expertes, Catherine Légaré et Marie Amiot, et aux participants du RCJEQ pour leur participation à cet exercice!

Vous êtes intéressé à intégrer Academos à votre boîte à outils en développement de carrière? Consultez notre section pour les intervenants pour en savoir plus sur nos services ou contactez nous au jeunes@academos.qc.ca ou par téléphone au 514 332-3006 poste 6256.

Catherine a aussi reçu Marie Amiot dans sa série, «Catherine invite» où ils discutent, entre autres, des thématiques abordées dans cet article.

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